• Je chauffe ta peau comme celle d'un djembé 

    et caresse le manche de ton corps de guitare ;

    j'accorde les clés, tu te mets là au diapason,

    je tends les cordes, tu es tendue, tu te détends.

     

    Tu t'arqueboutes telle une harpe celtique,

    tu égrènes les notes dans un soufflement de flûte ;

    tu montes le ton, je l'élève d'une portée encore,

    tu partitionnes, je participe aussi à la sérénade.

     

    Une plainte de saxophone roucoule de ta bouche ;

    une pause, des soupirs ponctuent ta symphonie,

    une reprise du thème d'intro' marquera l'apothéose,

    un silence ensuite, une nocturne ou une fugue enfin.

     

    réponse du berger à la bergère

     


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  •  

    Je suis assis à mon bureau. Il fait soleil, dehors, comme d'ordinaire lorsqu'on se retrouve.
    Tu t'approches de moi et tu montes ma cuisse à cru. Je glisse ma main sous ton pull. Tu fourres la tienne entre le couvercle et le boîtier du scanner. A travers la cuisse légère de mon pantalon, je devine la rondeur de ton sexe glabre qui palpite.

    Je clique sur le bouton d'envol et saisis la souris de mes doigts un peu gauches.

    Je te prends la main, au propre comme au figuré.

    Vous permettez, Monsieur, que je l'emmène sous la couette ?
    Personne ne m'a répondu.
    Je n'avais pas posé la question non plus.


    Gabriel


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  • - Je t'aime !

    - Oui, je sais... moi aussi !

    Les « je t'aime » des amoureux se disent et se répètent pour conforter l'autre de nos intentions. Si l'autre répond : « je sais » ou « moi aussi », il ne nous rassure guère sur la certitude de son amour.

    Les « je t'aime » peuvent parfois lasser, énerver, exaspérer ; la redondance de ce petit cri d'amour n'est pourtant que l'expression d'un doute inquiet sur les desseins de l'autre.

    Il faut encore avoir appris ou apprendre soi-même à l'exprimer. IL faut enfin avoir appris ou apprendre à l'évaluer : « je t'aime, maman, papa » et « je t'aime, mon fils, ma fille » n'auront jamais la même puissance créatrice que « je t'aime, mon amour ».


    Gabriel


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  • Hier, tu m'as emmené à cette clinique.

    Sur le parking, nous nous donnions la main, comme un gamin et une gamine ou peut-être aussi comme un vieux couple déjà. Au bureau d'accueil, tu restais cependant à distance, hésitante, tu ne te sentais sans doute pas encore le droit de t'immiscer dans mon intimité administrative. Nous avons ensuite bu un café dans une cafétéria déserte. Tu es enfin montée avec moi à la salle d'opération.

    Le chirurgien dentiste ne m'a pas fait attendre et je suis presque de suite passé à la charcuterie. Onze dents à arracher, sous anesthésie locale.
    Cela n'a guère duré plus de vingt minutes.
    Je ne pouvais plus parler, j'avais un coussinet glacé à maintenir sur la bouche.
    Ne pas pouvoir t'embrasser, ne pas pouvoir te dire des mots doux, avoir mes caresses occupées par ce satané coussinet, si tu savais à quel point je m'en sentais diminué.

    Mais accepter de me montrer à toi dans un tel état, c'était aussi te prouver mon amour.



    Gabriel.

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  • J'ai été seul chez moi pendant dix jours. Nous avons passé notre premier week-end en amoureux dans un hôtel de la capitale, chez moi ensuite. Nous nous sommes vus tous les jours durant la semaine, et même quelques nuits.

    Depuis, nous n'avons plus d'endroit à nous.
    On se réfugie comme hier soir dans l'arrière-salle d'un bistrot où nous avons posé nos marques.
    « Deux cocktails Africa, s'il te plaît ! ».

    Le garçon nous connaît d'un autre lieu, d'une époque d'avant, d'une autre vie déjà, lorsque nos deux couples passaient des soirées à bavarder et à rire devant un verre, deux, trois et parfois plus.
    La première fois, d'ailleurs, il s'est trompé sur ton prénom.
    A présent, il semble s'y être fait et philosophe sans doute dans son for intérieur sur les aléas de la vie.

    Heureusement que « le client est roi » et ne doit rendre des comptes qu'à soi-même.


    Gabriel


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