• Mon long foulard noir, badigeonné de mon Lacoste bleu favori, te chavire. Je le jette nonchalamment sur ton visage et tes traits s'effacent. Ton souffle gonfle le tissu. Je m'attarde du bout des doigts sur ton ventre nu.

    Tes membres s'écartèlent, ton entrecuisse m'invite. Tes soupirs explosent de joie. Je déshabille ton menton, ta bouche. Tes lèvres sont molles, entrouvertes, offertes. Je me sais goulu de ta langue.

    Tu t'affoles.

    Je dénude alors tes yeux clos. L'une de mes mains emprisonne tes poignets au-dessus de ta tête, l'autre s'encanaille, serpente entre les fesses, s'engouffre. Tu ondules, tu te liquéfies, tu grondes du fond de la gorge. Tu écartes faiblement les paupières, ton regard s'allume un instant. Tu me chuintes « non, non », je te serine « oui, oui », ...

    (à suivre de près)


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  • Une relation privilégiée se construit pas après pas sur une pratique d'échanges, sur un désir de confidences, sur une certaine compréhension et, finalement, sur une forte confiance en l'autre.

    S'il n'existe plus ni échanges ni confidences, la compréhension n'a plus grand'chose sur laquelle s'asseoir, se poser, se reposer. La confiance du coup s'effrite et voilà la relation bien mise à mal...

    Ne reste plus alors que la pénible résolution des difficultés quotidiennes et, bien que celle-ci puisse être pimentée par de puissantes et agréables pulsions sexuelles, cette vie de tous les jours se détériore malgré tout, se banalise de jour en jour, se dégrade peu à peu.

    Comment peut-on comprendre l'autre s'il n'exprime plus ce qu'il ressent ?
    Comment bâtir l'amour si la relation n'est plus privilégiée ?
    Comment avoir confiance en l'autre si on a l'impression très nette qu'il nous cache ses sentiments et qu'il ne nous considère plus que sous un angle strictement fonctionnel ?
    Sur quelles émotions baser une telle liaison ?
    Voilà tant de questions (et les réponses sont bien moins complexes que celles d'un seul pourquoi !) pour lesquelles il ne reste plus que l'incertitude, le doute, l'inquiétude et, partant,  un vaste manque de finalité.


    Ne plus y croire et s'attendre au pire, serait-ce donc tout ce qu'il resterait ?


    Gabriel.

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  • Jeudi, 7 heure 30.

    C'est un matin fatigué.
    Nous étions allés au lit tôt ; nous nous sommes endormis tard.
    Je suis déjà debout mais j'ai envie de te réveiller, te clouer la tête sur mon épaule, te survolter le ventre de ma paume, déraper de tous mes doigts sur ton entrecuisse.
    La chambre est sombre, tu as sombré dans ton sommeil
    Je viens me déposer auprès de toi.
    C'est un matin fatigué où seuls nos sens semblent être en éveil.



    Gabriel


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  • Mardi, 19 heure 45.

    Je descends du train avec exceptionnellement une heure d'avance. Je t'en ai prévenue par texto. Tu ne m'as pas répondu un « dac » comme d'habitude. Je sais que tu ne te sens pas bien ; peut-être même n'es-tu pas à l'appartement.

    Tu es assise à la grande table, devant ton ordi' portable, le casque vissé sur les oreilles. Tu pianotes une drôle de musique pas très drôle sur le clavier. Ton visage est décomposé. Tu réponds à peine à mon baiser d'entrée.
    Je ne dis rien : debout derrière ta chaise, je te masse les épaules quelques instants.
    Je file à la cuisine boire une gorgée de jus de pamplemousses.

    Tu passes dans le hall d'entrée.
    Je te vois chercher un paquet de mouchoirs en papier dans le placard du vestiaire.

    Je viens te prendre dans mes bras. Je te dis « Laisse-toi aller, ma chérie. Je ne ferai aucun commentaire... ».
    Tu éclates en sanglots.
    Tu retiens ta respiration.
    Tu t'étouffes.

    Tu n'as pas l'habitude de trouver un quelconque réconfort humain à ton chagrin.

    Abandonne-toi, mon amour, je suis là.



    Gabriel.

    (dessin de Bernard Topo')
     

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  • Nous voilà devant une porte sans serrure dont tu as la clé.
    Tu fais cependant mine de ne pas l'avoir,
    Paumée, tu la caches dans ta paume où tes doigts se referment.

    Je fais néanmoins mine de ne pas la voir.

    Je te murmure en confidence que
    ce qu'il y a derrière peut parfaitement nous appartenir.
    Tu ouvres des yeux épouvantés.

    Tu restes là, les bras ballants.

    Je baisse les bras également.

    Et cette clé qui brille inutilement dans ton poing.


    Peut-être qu'il n'y a qu'à la pousser, cette porte !



    Gabriel

    (dessin de Bernard Topo')

     


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